L’effet Betz et les limites physiques de la récupération du vent

En deux phrases

  • Même parfaite, une éolienne ne peut pas capter plus de ~59 % de l’énergie du vent qui la traverse. C’est la limite de Betz.

  • Dans la vraie vie, une petite éolienne domestique récupère plutôt 20 à 35 % (le reste se perd en frottements, électronique, vent irrégulier, etc.).

1) C’est quoi, l’effet Betz ?

Imaginez un ruisseau : si vous posez une roue à aubes, vous ne pouvez pas arrêter l’eau derrière la roue, sinon plus rien ne passe.
Avec le vent, c’est pareil : l’air doit continuer sa route après l’éolienne. En faisant le calcul, on trouve qu’on ne peut pas prendre plus de 59 % de l’énergie du vent.

On appelle ça la limite de Betz (~59,3 %). C’est un plafond théorique qu’aucune éolienne “en plein air” ne peut dépasser.

2) Pourquoi on est plus bas en pratique ?

Même une bonne machine perd encore un peu sur le chemin :

  • Aérodynamique des pales (angle pas toujours parfait, turbulence, extrémités des pales).

  • Vent réel (souvent irrégulier et turbulent, surtout près des toits/arbres).

  • Mécanique (roulements, éventuel réducteur) → frottements.

  • Électrique (générateur, redresseur, régulateur, onduleur) → rendements pas à 100 %.
    Résultat : au total, une petite éolienne bien placée tourne autour de 20–35 % d’énergie utile.

3) Le vent, ça “monte très vite”

L’énergie du vent grandit très vite avec sa vitesse (presque comme vitesse³).

  • Si le vent passe de 20 km/h à 40 km/h, l’énergie disponible est environ 8 fois plus.

  • D’où l’intérêt d’un mât plus haut et d’un endroit dégagé : un peu plus de vent = beaucoup plus d’électricité.


4) Petit Exemple Très Parlant

Supposons la même éolienne au même endroit :

  • À 20 km/h, elle produit “un peu”.

  • À 40 km/h, elle pourrait produire jusqu’à ~8 fois plus
    … mais elle sera limitée par sa puissance nominale (l’étiquette, ex. 1 000 W) et par les systèmes de protection (frein, sécurité par grand vent).

Conclusion : le vent fort aide beaucoup, mais on n’ira pas au‑delà de ce que la machine peut donner.

Schéma expliquant l’effet Betz montrant qu’une éolienne ne peut récupérer que 59,3 % maximum de l’énergie cinétique du vent

5) Idées reçues (et réalité)

  • “Plus de pales = beaucoup plus d’énergie.”Pas forcément. Plus de pales peut aider à démarrer tôt et à faire moins de bruit, mais le rendement dépend surtout du profil, de l’angle et de la vitesse de rotation.

👉 Exemple : éolienne 5 pales Vector 500W 12V.

  • “Une éolienne verticale dépasse Betz.”Non. La limite de Betz s’applique à toutes les turbines “à l’air libre”.

👉 Voir : éolienne verticale domestique.

  • “Avec un carénage (anneau, venturi), on bat Betz.”On contourne les chiffres, pas la physique : si on compte toute la surface captée (rotor + carénage), on reste sous la même limite.

6) Comment “gagner des kWh” sans magie

  • Montez le mât (kit haubané 4 m) (plus haut = vent plus fort et plus stable).

  • Éloignez l’éolienne des obstacles (arbres, murs) → moins de turbulences.

  • Privilégiez le diamètre du rotor (grande surface = plus d’air “attrapé”).

  • Gardez les pales propres et les roulements graissés → meilleur démarrage.

  • Câbles assez gros et courts → moins de pertes électriques.

  • Régulateur MPPT si possible → il optimise quand le vent change.

7) À retenir

  • Betz = plafond : ~59 % maximum, jamais plus.

  • Une petite éolienne bien posée tourne souvent à 20–35 % d’énergie utile, et c’est normal.

  • Le site (vent moyen), la hauteur, le diamètre et un montage propre comptent bien plus que les promesses marketing.

  • Un peu plus de vent (mât plus haut, zone dégagée) vaut plus que n’importe quel “gadget miracle”.